Je rêve
Oui, je rêve que Monsieur Lauwers se transforme en « Sous-Préfet aux Champs » (Alphonse Daudet) et qu’il passe sur TV Lux dans l’émission « Juste Quelqu’un de Bien« , à l’instar de Thomas d’Ansembourg qui, bien que nanti, est proche des petites gens et s’émerveille toujours des joies simples que nous offre notre belle nature.
Je rêve que, comme par magie, tous les petits sentiers de jadis retrouvent leur superbe, que les murs de pierre de la Garenne se rétablissent, que les pierres remontent sur le pont à toute vitesse et envoient valser la barrière Nadar.
Je rêve que les pavés de l’ancienne gare retrouvent leur place et qu’ils sont inondés de fleurs sauvages comme dans mon enfance.
Je rêve que La Fontenelle est toujours vivante, je rêve de guinguettes, de lampions et d’accordéons, de rires, de poètes et de chansons.
Mais je me réveille et je suis bien triste.
Savez-vous combien de personnes du village sont affectées par les achats intempestifs de Monsieur Lauwers ? Affectés dans leur quiétude perdue, dans leur incapacité d’acheter le terrain à côté de leur maison ou le fonds de terre à replanter parce qu’ils n’ont aucune chance de concurrencer son offre. Affectés parce que la belle vue qu’ils avaient de chez eux sera bouchée par un bâtiment sans âme ?
En ce qui me concerne, je déplore que l’argent puisse tout acheter et surtout détruire notre belle nature que chantaient et croquaient les poètes et peintres d’antan.
Quand je me promène sur l’ancien chemin de fer, je me délecte à la vue du vieux hangar dans cette verdure non encore maîtrisée, je vois les épilobes, les arbres frêles, le chemin caillouteux et clair. Tout n’est que courbes, vallons, beauté et variété. Comment peut-on imaginer gâcher tout cela impunément ? Je m’imagine déjà observée comme dans un zoo par ces observatoires du futur qui n’inspireront jamais aucun peintre et aucun poète.
Comment pouvez-vous cautionner tout cela, en négligeant et même en vendant le petit patrimoine ?
Je ne suis pas contre le tourisme qui sert les commerces mais là il devient destructeur et coûte plus qu’il ne rapporte. Trop c’est trop ! Sans compter les déchets qui pullulent partout, les plastiques que l’on brûle jusque dans les bois, les lambeaux de papier toilette qui jonchent les sentiers, les talus et fleurissent même les arbustes. Voyez-vous tout cela ? Les bancs cassés qu’on ne répare pas ou qu’on ne remplace pas sans compter ceux qu’on a jetés dans le ravin.
Je suis triste, amère et vraiment écoeurée.